Novembre 1999, Saint-Laurent du
Maroni fêtait son 50aire en tant que commune.
Comme d'autres associations, KRAKÉMANTÒ
a proposé des actions pour cette commémoration, mais il s'agissait
aussi pour nous de tordre le coup à cette "imposture historique"
: "Saint-Laurent du Maroni = Bagne" (point-barre ! sic!)
Vous trouverez ici les propositions de KRAKÉMANTÒ
accompagnées d'un de nos textes fondateurs sur notre vision historique
et culturelle de notre commune chérie : KAMALAKULi (Saint-Laurent
du Maroni)
"KAMALAKULi"
"...Notre but n'est pas d'être pour ou contre,
il est de porter la plume dans la plaie"
(Albert LONDRES)
"...Les peuples créoles américains ont donc cette lancinance
de leurs mémoires asphyxiées, de leurs histoires souterraines
; et quand ils se tournent vers les monuments qui balisent leurs espaces,
ils ne s'y retrouvent pas, ou alors, vénérant ces édifices,
ils s'aliènent à la Mémoire et à l'Histoire
édictées par la colonisation."
"...Nos monuments demeurent comme des douleurs.
Ils témoignent de douleurs.
Ils conservent des douleurs.
...Mais la mémoire des hommes qui étaient
passés là, qui avaient souffert là, s'est mystérieusement
maintenue. Des usures de cet affrontement est né le plus étonnant
des patrimoines de l'humanité : les Traces-mémoires du bagne
de la Guyane."
in : "GUYANE, Traces-Mémoires du Bagne"/Patrick CHAMOiSEAU,
Rodolphe HAMMADi ; Caisse nationale des monuments historiques et des sites
, 1994. 114 P.
PROPOSiTiONS DE KRAKÉMANTÒ
DANS LE CADRE DU 50AiRE DE LA ViLLE DE SAiNT-LAURENT
DU MARONi.
Franck COMPPER - Kamalakuli - Mars 1999
Argumentaire
S'il est indéniable que l'Administration pénitentiaire
a présidé aux destinées de Saint-Laurent du Maroni,
il nous semble important dans le cadre de ce 50 aire de réhabiliter
toute l'histoire de Saint-Laurent .
Un pan entier de la mémoire de Saint Laurent a été
laissé dans l'oubli.
Aujourd'hui que cette période pénitentiaire, abominable
page de l'histoire de notre Commune, commence à être assumée,
il est vital dans le cadre de ce 50aire de valoriser la totalité
de l'histoire Saint-Laurentaine.
Cette histoire du Bagne sera d'autant plus assumée qu'elle
sera mise en perspective avec le reste de notre histoire oubliée.
I - Les Débuts de Saint-Laurent
Tout d'abord nous voulons tordre le coup à une grande
manipulation de notre histoire. Notre commune (quelque soit son nom à
cette époque), ne voit pas le jour avec le Bagne.
Saint-Laurent et plus précisément la Résidence
du Sous-Préfet se situe sur l'emplacement du village d'un grand
chef kali'na1
dont le nom résonne encore dans la mémoire des anciens Kali'na
de Padòk : KAMALAKULi [La mémoire de ce grand chef
spirituel Kali'na devrait elle aussi être honorée.]
Dans la deuxième moitié du 19 siècle, des
anciens esclaves qui désertaient les habitations aux lendemains
de l'abolition s'installèrent à Saint-Laurent où ils
firent l'expérience de la liberté. Cette implantation est
aussi le résultat d'une implantation plus ancienne, du temps où
la colonie craignait líafflux de marrons poursuivis depuis le Surinam
par le commandant Stedman2
Le Bagne ne s'est pas installé sur une terre vierge. Avant
que ne débarque la "Tentiaire", des hommes y vivaient.
II - L'histoire parallèle, l'histoire oubliée
A côté du Bagne (1858-1947) et sensiblement
aux mêmes périodes, s'écrit à Saint-Laurent une
histoire parallèle, dans tous les sens du terme. Une histoire non
officielle, non magnifiée, mais une histoire dont la mémoire
est malgré tout encore vivace chez nos anciens : celle des "Gens
de l'or" comme les appelle Michèle-Baj Strobel3
Le premier cycle de l'or4 (1855-1945) voit affluer à Saint-Laurent
des populations en provenance de la Caraïbe. Les Barbadiens (ou Babichaw,
comme les appellent encore les anciens Saint-Laurentains), les dominicains,
les Guadeloupéens, les Guyaniens, les Martiniquais , les Saint-Luciens,...
la Caraïbe s'était donnée rendez-vous à Saint-Laurent.
On parle beaucoup des conditions de vie inhumaines des bagnards,
de leurs corvées qui rendaient le quartier officiel des fonctionnaires
de l'Administration pénitentiaire et le reste la ville propres,
des fastes de Saint-Laurent, des grands bals où les fonctionnaires
de la "Tentiaire" recevaient les notables de Saint-Laurent. On en parle avec
fierté, parfois avec une certaine larme au coin de l'oeil.
Mais personne ne nous parle de l'histoire des ces travailleurs immigrés,
nos arrières-grands-parents ou grands-parents qui arrivaient dans
un pays inconnu qu'ils ont appris à aimer, et qu'ils ont fait leur,
qui trimaient dans les placers d'or.
C'est vrai que le Bagne à concouru à la dénomination
de Petit Paris, mais l'or extrait par ces mineurs y a contribué
aussi pour une bonne part. Ce sont eux qui enrichissaient les commerçants,
les grands comptoirs de Gougis, Reynal, Symphorien...
Ce sont aussi ces grands commerçants qui grâce à l'or
faisaient du port de Saint-Laurent une destination pour les bateaux des
Antilles et de France métropolitaine. Nous sommes issus d'eux aussi.
Beaucoup de "spécialistes" veulent nous culpabiliser (consciemment
ou pas ?) en essayant par leur propos de nous faire croire que seuls
les bagnards travaillaient à Saint-Laurent du Maroni (nous réitérons
notre respect pour la souffrance de ces déportés, transportés
et relégués), que derrière chaque saint-Laurentain
avec les doigts de pieds en éventail un pauvre bagnard était
prêt à obéir à ses moindres exigences.
Rien de plus faux, de plus falsificateur. Les bagnards "assignés",
l'étaient avant tout pour les Fonctionnaires de l'Administration
Pénitentiaire et pour les quelques notables qui avaient des accointances
avec l'Administration du Bagne5
.
L'autre réalité de Saint-Laurent est occultée
par ces "spécialistes".
Nous parlent-ils de la misère de la majorité des orpailleurs6 ? Nous parlent-ils
des familles de Saint-Laurent qui comptaient sur "le Pain de la Commune"
pour nourrir leurs enfants ?
Nous parlent-ils du courage de ces hommes et de ces femmes qui
ont su malgré leurs différences vivre ensemble, créer
une nouvelle langue ensemble, le créole de Saint-Laurent ?
Nous parlent-ils des rencontres culturelles que le rush aurifère
a initiées entre mineurs créoles immigrés et les canotiers-bosman
bouchinengés ?
Nous parlent-ils du Village Chinois, premier lieu où les canotiers
busikonde-sama attendaient patiemment ces mineurs et leurs marchandises
pour les convoyer dans les bois ?
Nous parlent-ils de l'inventivité de ces orpailleurs qui ont
su adopter et créer des outils et des techniques d'orpaillage adaptés
à l'environnement du Maroni : les "Bakatach", les "Batado",
les "dal dlo", les "dal latè", les "dal enstriman",
les "manman dal", les "kès", les "lontonn",
les "soulous", le "soumaren", le "tchoké" ?
Nous parlent-ils de l'entraide, des Sosayti, de l'amitié des
Padna ?
Nous parlent-ils des échanges économiques mais
surtout culturels entre ces immigrés (nos parents) et ces canotiers-bosman
(nos parents) ?
Nous parlent-ils surtout des contes, expression culturelle privilégiée
des mineurs ? Le conte, véritable passerelle entre les cultures,
où un conteur díorigine Sainte-Lucienne s'approprie en créole
un conte Busikonde-sama. Où les indiens tékò (émérillons)
s'approprient dans leurs contes le personnage de Konpè toti ? Où
les conteurs antillais abandonnent leur tradition au profit du conte-révéyé
guyanais ? Où l'on rencontre chez les ABC (Amérindiens, Busikonde-sama,
Créoles) les mêmes personnages, Kasuli ou Ba Dya ou konpè
bich ?
III - "Konté asou chodyè ou bèlmè,
ou ka rété san manjé" dit le dolo. "Bifo fii chibi
mati osou, chibi fii" dit le nongo.
Il est grand temps à Saint-Laurent du Maroni de nous regarder
avec nos propres yeux, notre propre regard, et de faire en sorte que les
pyébwa que sont nos enfants aient des racines profondes qui seront
toutes les réalités historiques de notre commune.
Il est grand temps que nos enfants sachent que le Bagne est notre
histoire, mais qu'il n'est pas toute notre histoire.
Que les touristes connaissent l'histoire de la ville de Saint-Laurent
aussi bien que celle du quartier officiel.
C'est l'or qui a initié toutes ces rencontres,
qui a fait de Saint-Laurent la Porte du Maroni, une des portes du territoire
de l'Inini en son temps.
C'est encore l'or qui nous a rassemblés en ce lieu, nous
fils de Kali'na, de Lokono, de canotiers Busikonde-sama, d'orpailleurs et
de négociants Créoles des Antilles- Guyane, de déportés,
de transportés, de relégués de France mais aussi,
ne l'oublions pas d'Afrique, des Antilles et d'Asie. Nous ces fils qui souhaitons
travailler ensemble pour cette commune que nous aimons tant et pour
laquelle nous espérons construire tous ensemble un avenir de toutes
les couleurs.
PROPOSiTiONS
1-Soirées-contes et Mayouri Mato 2ème édition.(cf
budget en annexe)
Comme nous l'avons vu dans l'argumentaire, le conte était
une expression culturelle privilégiée. Il s'agissait d'une
véritable production littéraire populaire.
De plus Saint-Laurent et le Maroni, ont hérité
d'un ensemble de traditions orales : amérindiennes (tékò,
kali'na, lokono, wayana), busikonde-sama (aloukou, djouka, paramaka, saramaka),
créoles (guadeloupéen, guyanais, haïtien, martiniquais,
saint-lucien).
De part cet héritage, Saint-Laurent peut prétendre
à devenir la capitale du conte en Guyane et accueillir un véritable
festival international du conte qui s'étoffera d'années en
années.
2-Intervention d'historiens guyanais dans les communications sur
le Bagne.
M. Eugène EPAiLLY, spécialiste du Bagne.
M. Serge MAM-LAM-FOUCK, historien.
Il est en effet important que des guyanais nous apportent leur
(notre) regard sur la période du Bagne.
..........
3-En plus des communications sur le Bagne, inclure dans le colloque
des communications sur la période aurifère.
En effet, cette période est parallèle à
celle du Bagne et de plus voit l'implication des guyanais contrairement
au Bagne qui est un événement historique "rapporté"
(Vanmennen)
L'histoire du Bagne gagnerait ainsi à être mise
en perspective avec d'autres événements historiques proprement
guyanais. Il nous serait plus évident de l'accepter.
-M. Serge MAM-LAM-FOUCK
-Mme Michèle-Baj STROBEL(Médiathèque du
Lamentin)
-M. Jean PETOT
4-Création d'un véritable lieu de mémoire,
d'échange, de transmission.
La seule et unique représentation historique qui est offerte
aux jeunes saint-laurentains, est celle de l'univers concentrationnaire.
Le seul monument historique est une statue de bagnard.
Nous proposons à la place du projet pharaonique d'enfouissage
des câbles électriques (ce qui serait dommage, nous n'entendrions
plus les Kikivi et autres "jibyé";=) et de transformation de la
rue Félix Éboué en petit Champs Elysée,
un vrai lieu de mémoire où se rencontreront tous les Saint-Laurentains
tout en gardant l'idée du projet initial, d'intégrer physiquement
la Charbonnière au centre-ville.
Il s'agit ni plus ni moins de la création d'un Musée
de "l'Ouest" (aux environs du port) où la mémoire de
Saint-Laurent, serait présente.
Saint-Laurent qui ambitionne un jour de devenir une Préfecture
est en devoir de se munir d'une telle structure. Pour devenir un véritable
pôle culturel contrebalançant l'hégémonie cayennaise.
Ce musée retracera en les reconstruisant, un placer et
son village, un village amérindien, un village busikonde-sama....etc...
Ces villages seront vivants, ils pourront accueillir des artisans
(tembé, kroukrou, ....). Des anciens pourraient y transmettre leurs
savoirs aux jeunes.
Un carbet à manioc pourrait y être intégré,
les visiteurs pourraient y voir les différentes techniques (amérindiennes,
busikonde-sama, créoles) de fabrication du kwak, du cachiri etc...
Dans ce lieu vivant, les artisans y auraient leurs ateliers,
travailleraient devant les visiteurs.
Il pourrait accueillir des activités de petites restaurations,
des petits commerces de produits locaux etc.....
Une grande salle ou un forum de plein air accueillerait librement
toutes manifestations. etc.....
Ce Musée de l'Ouest sera profitable à plus d'un
titre :
*il réamorcera la mémoire (toute la mémoire)
historique et culturelle de la Commune. Il réactivera la transmission
du savoir par les anciens et apportera à ces derniers une nouvelle
légitimité, un nouveau respect.
*il donnera enfin à nos jeunes les référents,
les racines historiques dont ils ont besoin (pour l'heure le seul référent
qui leur est proposé c'est celui du Bagne) pour se développer
harmonieusement.
*il créera des emplois qualifiés durables pour
de jeunes ou moins jeunes.
*Il réarmocera le lien social dans toute la ville et permettra
de diversifier les lieux de culture.
*il sera un appel au tourisme, et proposera aux touristes une
large palette de l'histoire de Saint-Laurent du Maroni.
Le Musée des Cultures de Guyanehttp://www.mcg973.org
(ancien Bureau du Patrimoine Ethnologique) pourrait-être un partenaire,
un conseil technique.
Ce Musée de l'Ouest permettra d'embaucher des Étudiants
guyanais de troisième cycle d'histoire, d'anthropologie qui pourraient
déjà coordonner une certaine collecte d'archives orales (témoignages,
récits de vie etc...) auprès des anciens de la Commune.
Cette partie devra être organisée très rapidement,
car nos anciens s'en vont.
Ces étudiants pourraient en outre se voir proposer une
convention avec la Commune et la Région pour amorcer des études
historiques sur Saint-Laurent et sa région.
Il permettra d'embaucher aussi de jeunes guyanais qui n'auraient
pas eu la chance de faire des études longues.
A notre humble avis cette proposition devrait remplacer celle qui
consiste à vouloir faire de la rue Félix Éboué
un petit Champ Elysée. La Commune y gagnerait sur tous les plans. Saint-Laurent
se donnerait les moyens d'assumer culturellement son rôle de capitale
de "l'ouest".
5- Cette cinquième proposition participe de la même
démarche que celle qui a présidé au changement des
armoiries de Saint-Laurent.
Pour vraiment inscrire Saint-Laurent dans son histoire nous demandons
à ce qu'une cérémonie soit organisée en présence
des chefs spirituels Kali'na et qu'à cette occasion Saint-Laurent
soit débaptisée et retrouve son nom Kali'na originel KAMALAKULi.
Comme pour le nouveau blason il s'agit d'inscrire le changement
de prise de conscience que Saint-Laurent a enfin de son histoire et de son
peuplement.
6- Il s'agit dans cette proposition, d'avoir notre propre
regard sur cette partie de notre histoire qu'est le bagne, de réinscrire
le bagne dans une perspective historique saint-laurentaine.
Concernant la proposition d'une stèle à un bagnard
célèbre, nous pensons que Saint-Laurent doit avant tout
prendre en charge sa propre histoire. C'est vrai que nous nous inclinons
devant les souffrances de ces hommes célèbres cependant nous
pensons plus opportun d'ériger une stèle à des
bagnards qui après avoir purgé leur peine, ont oeuvré
pour la Commune et sont devenus de vrais Saint-Laurentains.
Comme le dit l'historien Oruno D Lara : "...l'histoire s'écrit
avec des mots qui ne sont pas neutre..."7
Profitons de ce 50aire pour nous réapproprier notre histoire,
toute notre histoire, il s'agit "de commencer par réfléchir
aux problèmes posés dans un cadre historique et géographique
déterminé."8
Il serait dangereux selon nous de faire en sorte qu'il y ait deux
sortes de mémoires. Celles des anciens bagnards qui auraient la
chance d'être médiatisés et supposés innocents,
qui serait la mémoire à honorer, et celle de tous ces anonymes
dont le souvenir devraient à jamais être effacé.
Nous proposons à la place, une plaque ou stèle aux
anciens bagnards Saint-Laurentains.
Vu la difficulté d'assumer encore pleinement toute notre
histoire (la même démarche d'oubli à existé pour
l'esclavage, qui était une honte, une infamie, dont nos grands-parents
n'ont jamais voulu parler) cette stèle pourra être dédiée
aux anciens hommes de la "Tentiaire" qui en vrais Saint-Laurentains ont
oeuvré pour le bien de la Commune (le texte final sera à déterminer).
7- Vente permanente au Camp de l'ouvrage "GUYANE, Traces-Mémoires
du Bagne". Ce livre écrit par le prix GONCOURT Patrick CHAMOiSEAU
est une commande officielle du Ministère de la Culture, Caisse
Nationale des Monuments Historiques et des Sites.
(Il est étrangement absent parmi tous les ouvrages sur le bagne ?!)
Nous suggérons en outre :
-d'inviter ce prestigieux écrivain martiniquais
au colloque,
-mettre en place sous sa direction des ateliers d'écriture
à destination des lycéens, collégiens ou écoliers.
Il s'agit d'une certaine façon de rendre hommage aux bagnards
antillais qui ont souffert en Guyane.
Il s'agit aussi de montrer à nos jeunes qu'un Domien peut-être
un grand écrivain avec un rayonnement international, et leur donner
ainsi un référent qui pourrait les inciter à l'écriture.
8- Nous suggérons une étude par des experts
en sociologie du développement (UNESCO, CEMEA...) afin de mettre
en place des projets pluriculturels innovants devant aboutir sur une meilleure
intégration culturelle mais aussi économique de toutes les
composantes de la sociétés saint-laurentaine.
En guise de conclusion :
"...En plongeant dans les histoires du bagne, j'ai trouvé
tous les héroïsmes, toutes les dignités, toutes les ferveurs,
mais aussi toutes les inhumanités, les dénis agresseur, le
comble des souffrances et des indignités, l'absolu des courages et
des faiblesses, un concentré hallucinant de ce qui fait l'homme :
déflagrations d'ombres et de lumières, de lumières dans
l'ombre et d'ombres qui éclairent. Et tout cela s'est dissipé
dans la Mémoire guyanaise, ou alors a été refoulé
loin des dégrads de la conscience guyanaise."
in : "GUYANE, Traces-Mémoires du Bagne"/Patrick CHAMOiSEAU,
Rodolphe HAMMADi ; Caisse nationale des monuments historiques et des sites
, 1994. 114 P.
NOTES |
|
1"Saint-Laurent fut créée par
décision administrative des autorités coloniales de l'époque
: le gouverneur SARDA-GARRiGA décide dès 1852 de fonder un
pénitencier agricole sur le Maroni, ce qui fut fait le 10 février
1858, jour de la Saint-Laurent.
Pourtant, les lieux furent reconnus lors de l'expédition de
Robert HARCOURT, en 1608. Et en 1850, un poste fut installé pour
affirmer la présence française sur cette frontière
avec la colonie du Surinam et ceci, dans le souci de mieux protéger
les intérêts des Noirs Réfugiés Boni, d'allégeance
française. D'où la présence du "Poste du Maroni" sur
la carte établie par Marie-José JOLiVET.
Les européens étaient-ils les premiers occupants ?
Il semblerait que les lieux étaient occupés par les Amérindiens
et précisément les Kalinya, et les Arawak, tout au moins
par leurs ancêtres.
En effet, vers la fin du XVe siècle (...) les Arawak, composés
alors de nombreuses tribus, dont les principales étaient les Arawak
proprement dit(...)pénétrèrent dans l'actuelle Guyane(...)
surtout par l'ouest.
...Une bonne partie des Galibi de Kourou et de Sinnamary ira rejoindre
le noyau semi indépendant du bas-Maroni (cette région constituant
alors un véritable no man's land entre Surinam et Guyane française)...
Il semblerait que les dits Galibi auraient contrôlé toute
la région puisque outre de tradition guerrière, de nombreux
raids furent organisés sur le Maroni avec même l'installation
d'une base sur le Litany..." tiré de : "Atlas des
Départements Français d'Outre-Mer. La Guyane", ORSTOM, 1979.
viré-monté |
|
2 idem
viré-monté |
|
3 STROBEL, M.-B., 1998.-
"Les gens de l'or. Mémoire des orpailleurs créoles du Maroni",
Guadeloupe : Ibis Rouge éditions, 400 p.
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|
4 MAM-LAM-FOUCK, S., 1996.-
"Histoire générale de la Guyane Française des débuts
de la colonisation à l'aube de l'an 2000. Les grands problèmes
guyanais : permanence et évolution", Cayenne : Ibis Rouge éditions,
263 p.
viré-monté |
|
5 "Certains [bagnards] seront
"assignés", c'est à dire loués à des particuliers
: ce sont ceux que l'on appellera par dérision "les garçons
de familles". Précisons toutefois que ces "assignés" ne seront
guère accordés par l'Administration pénitenciaire
qu'aux particuliers influents, et que leur nombre restera assez faible,
voire inexistant dans les campagnes pauvres" in : - Marie-José
JOLiVET, "La question créole, Essai de sociologie sur la Guyane française",
Éditions de l'O.R.S.T.OM, Paris, 1982, 503 p. (p 40)
viré-monté |
|
6 "...les conditions de vie
des nouveaux immigrants (Africains, Indiens, Bagnards, Orpailleurs antillais...)
étaient déplorables. Leurs conditions de vie étaient
souvent plus dégradées que celles des esclaves. La malnutrition
voire la sous-nutrition étaient le lot de la majorité d'entre
eux. Ces deux maux frappaient particulièrement les orpailleurs de
l'Intérieur condamnés à consommer des denrées
importées de France...et trop rarement les produits frais de la
colonie..." in : MAM-LAM-FOUCK, S., 1996.- Histoire
générale de la Guyane Française des débuts de
la colonisation à l'aube de l'an 2000. Les grands problèmes
guyanais : permanence et évolution, Cayenne : Ibis Rouge éditions,
263 p. (p.94)
viré-monté |
|
7 LARA, Oruno, D., 1998.-
"De l'Oubli à l'Histoire, Espace et Identité Caraïbes,
Guadeloupe, Guyane, Haïti, Martinique", Paris: éditions
Maisonneuve et Larose, 348 p.
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|
8 idem
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|
|
BiBLiOGRAPHiE
-"Atlas des Départements Français d'Outre-Mer. La Guyane",
ORSTOM, 1979.
-CHAMOiSEAU, Patrick ; HAMMADi, Rodolphe, 1994.- "GUYANE, Traces-Mémoires
du Bagne" ; Caisse nationale des monuments historiques et des sites ,
114 P.
-EPAiLLY, EUGÈNE, 1994.- "Francis Lagrange bagnard, faussaire
génial", Culture Francophonie, 171 p.
-EPAiLLY, EUGÈNE, 1995.- "Une page d'histoire du bagne
de Guyane, Alfred Dreyfus déporté dans l'enfer du diable",
C.N.E.S., 152 p.
- JOLiVET, Marie-José : "La question créole, Essai
de sociologie sur la Guyane française", Éditions de l'O.R.S.T.OM,
Paris, 1982, 503 p.
-MAM-LAM-FOUCK, Serge, 1996.- "Histoire générale
de la Guyane Française des débuts de la colonisation à
l'aube de l'an 2000. Les grands problèmes guyanais : permanence et
évolution", Cayenne : Ibis Rouge éditions, 263 p.
-PETOT, Jean, 1986.- "L'or de Guyane, son histoire, ses hommes",
Paris : Éditions Caribéennes, 248 p.
-STROBEL, Michèle.-Baj, 1998.- "Les gens de l'or. Mémoire
des orpailleurs créoles du Maroni", Guadeloupe : ibis Rouge éditions,
400 p.
Men li !
i soti ! Mwa di Mars 2005 !
Menm si nou tchò pa
pagra, men nou tchò kontan !
A roun liv ki ka palé
di nou gangan ki soti-koté-yé-soti pou monté laro Maroni
!
Pou fè lòvriyé
mindò !
A roun liv tout Senloranten
(men osi moun ròt koté ;=) gen pou li !
Roulo-bravo pou yé
!
|
" Coeur Pagra " est conçu
à partir de lieux, de personnages et de situations qui pourraient
être réels.
L'action se passe en Guyane Française, au début
du vingtième siècle, alors que l'orpaillage bat son plein
dans une société divisée, cloisonnée, au lendemain
de l'esclavage.
Zélhia Gount, femme créole, avant-gardiste dans
son approche du monde, à la personnalité riche en complexité
et en contradiction, rencontre l'un des actionnaires d'une mine d'or. Et sa
vie bascule...
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N° ISBN : 2-913913-16-4
Editions Anne C. : BP 212 - 97325 CAYENNE Cedex
Tél/Fax/ Répondeur. : 05 94 35 20 10
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