"CiNÉMA D'AFRiQUE"
lafich ketikoti
labolisyon katib-ketikoti-labolisyon lèstravay-ketikoti
10 JUIN 1848 - 10 JUIN 2004
156ème anniversaire de la 2de Abolition de l'Esclavage

CINÉMA D'AFRIQUE
de 19h mercredi 9 juin 2004, à 1h  jeudi 10 juin 2004
Gare routière de Kamalakuli (Senloran-Maroni)
chenn
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- AYiTi : 1 janvyé - MAYÒT : 27 avril - LAFRANS : 10 mé - MARTiNiK : 22 mé -
- GWADLOUP : 27 mé - LAGWiYANN: 10 jwen - SiRiNANM : 1 jwiyé - LARÉNYON : 20 désanm -

èstati katib (monuments commémorant la mémoire, la résistance des esclaves)

 
LALWA-YA, DEN WETi
"LOI TAUBIRA-DELANNON"
LOI n°2001-434 du 21 mai 2001 
tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité

L'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,
le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Article 1er
La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.

Article 2
Les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l'esclavage la place conséquente qu'ils méritent. La coopération qui permettra de mettre en articulation les archives écrites disponibles en Europe avec les sources orales et les connaissances archéologiques accumulées en Afrique, dans les Amériques, aux Caraïbes et dans tous les autres territoires ayant connu l'esclavage sera encouragée et favorisée.

Article 3
Une requête en reconnaissance de la traite négrière transatlantique ainsi que de la traite dans l'océan Indien et de l'esclavage comme crime contre l'humanité sera introduite auprès du Conseil de l'Europe, des organisations internationales et de l'Organisation des Nations unies.
Cette requête visera également la recherche d'une date commune au plan international pour commémorer l'abolition de la traite négrière et de l'esclavage, sans préjudice des dates commémoratives propres à chacun des départements d'outre-mer.

Article 4
Le dernier alinéa de l'article unique de la loi no 83-550 du 30 juin 1983 relative à la commémoration de l'abolition de l'esclavage est remplacé par trois alinéas ainsi rédigés :
" Un décret fixe la date de la commémoration pour chacune des collectivités territoriales visées ci-dessus ; 
" En France métropolitaine, la date de la commémoration annuelle de l'abolition de l'esclavage est fixée par le Gouvernement après la consultation la plus large ;
" Il est instauré un comité de personnalités qualifiées, parmi lesquelles des représentants d'associations défendant la mémoire des esclaves, chargé de proposer, sur l'ensemble du territoire national, des lieux et des actions qui garantissent la pérennité de la mémoire de ce crime à travers les générations. La composition, les compétences et les missions de ce comité sont définies par un décret en Conseil d'Etat pris dans un délai de six mois après la publication de la loi no 2001-434 du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité. "

Article 5
A l'article 48-1 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, après les mots : " par ses statuts, de ", sont insérés les mots : " défendre la mémoire des esclaves et l'honneur de leurs descendants, ".

La présente loi sera exécutée comme loi de l'Etat.

Fait à Paris, le 21 mai 2001.

Jacques Chirac
Par le Président de la République :

Le Premier ministre, Lionel Jospin / La garde des sceaux, ministre de la justice, Marylise Lebranchu / Le ministre de l'intérieur,Daniel Vaillant / Le ministre de l'éducation nationale, Jack Lang / Le ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine / La ministre de la culture et de la communication, Catherine Tasca / Le ministre de la recherche, Roger-Gérard Schwartzenberg / Le ministre délégué chargé des affaires européennes, Pierre Moscovici / Le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, Christian Paul

(1) Travaux préparatoires : loi no 2001-434.
Assemblée nationale :
Propositions de loi nos 792, 1050, 1297 et 1302 ;
Rapport de Mme Christiane Taubira-Delannon, au nom de la commission des lois, no 1378 ;
Discussion et adoption le 18 février 1999.
Sénat : Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, no 234 (1998-1999) ;
Rapport de M. Jean-Pierre Schosteck, au nom de la commission des lois, no 262 (1999-2000) ;
Discussion et adoption le 23 mars 2000.
Assemblée nationale :
Proposition de loi, modifiée par le Sénat, no 2277 ;
Rapport de Mme Christiane Taubira-Delannon, au nom de la commission des lois, no 2320 ;
Discussion et adoption le 6 avril 2000.
Sénat : Proposition de loi, adoptée avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture ;
Rapport de M. Jean-Pierre Schosteck, au nom de la commission des lois, no 165 (2000-2001) ;
Discussion et adoption le 10 mai 2001.

DECRET DU 27 AVRIL 1848
 Ministère de la Marine et des Colonies
 Direction des Colonies
 République française
 Liberté - Egalité - Fraternité

 Au nom du peuple français,

Le gouvernement provisoire, considérant que l'esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; qu'en détruisant le libre arbitre de l'homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; qu'il est une violation flagrante du dogme républicain « Liberté - Egalité - Fraternité » ;

Considérant que, si des mesures effectives ne suivaient pas de très près la proclamation déjà faite du principe de l'abolition, il en pourrait résulter dans les colonies les plus déplorables désordres ;

 Décrète :

 Article 1er
L'esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d'elles.
A partir de la promulgation du présent décret dans les colonies, tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront interdits.

 Article 2
Le système d'engagement à temps établi au Sénégal est supprimé.

 Article 3
Les gouverneurs ou Commissaires généraux de la République sont chargés d'appliquer l'ensemble des mesures propres à assurer la liberté à la Martinique, à la Guadeloupe et dépendances, à l'île de la Réunion , à la Guyane, au Sénégal et autres établissements français de la côte occidentale d'Afrique, à l'île Mayotte et dépendances, et en Algérie.

 Article 4
Sont amnistiés les anciens esclaves condamnés à des peines afflictives ou correctionnelles pour des faits qui, imputés à des hommes libres, n'auraient point entraîné ce châtiment. Sont rappelés les individus déportés par mesure administrative.

 Article 5
L'Assemblée nationale réglera la quotité de l'indemnité qui devra être accordée aux colons.

 Article 6
Les colonies purifiées de la servitude et les possessions de l'Inde seront représentées à l'Assemblée nationale.

 Article 7
Le principe « que le sol de la France affranchit l'esclave qui le touche » est applicable aux colonies et possessions de la République.

 Article 8
A l'avenir, même en pays étranger, il est interdit à tous français de posséder, d'acheter ou de vendre des esclaves, et de participer, soit directement, soit indirectement à tout trafic ou exportation de ce genre. Toute infraction entraîne la perte de la qualité de citoyen français.

Néanmoins, les Français qui se trouveront atteints par ces prohibitions, au moment de la promulgation du présent décret, auront un délai de trois ans pour s'y conformer. Ceux qui deviendront possesseurs d'esclaes en pays étrangers, par héritage, don ou mariage, devront sous la même peine, les affranchir ou les aliéner dans le même délai, à partir du jour où leur possession aura commencé.

 Article 9
Le ministre de la Marine et des Colonies et le ministre de la Guerre sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
 

 Fait à Paris, en conseil de gouvernement, le 27 avril 1848.

 Signé : les membres du gouvernement provisoire.
 Dupont (de l'Eure), Lamartine, Armand Marrast, Garnier-Pagès, Albert, Marie, Ledru-Rollin, Flocon, Crémieux, Louis Blanc, Arago.

     Le secrétaire général du Gouvernement provisoire,
 
 
 
 
 
 

(NDLR : la 1ère Abolition date de 1794 ; NAPOLÉON BONAPARTE rétablit l'Esclavage en 1802)

Décret du 4 Février 1794 : 1ère abolition de l'esclavage par la Convention. Ce décret est appliqué en Guyane par le Commissaire nommé par la Convention, Jeanet-Oudin.

DECRET N° 2262.
DE LA CONVENTION NATIONALE
du 16. jour Pluviose, an second de la République Française, une & indivisible,
Qui abolit l'Esclavage des Nègres dans les Colonies

La Convention Nationale déclare que l'esclavage des Nègres dans toutes les Colonies est aboli ; en conséquence elle décrète que les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens Français, & jouiront de tous les droits assurés par la constitution.

Elle renvoie au comité de salut public, pour lui faire incessamment un rapport sur les mesures à prendre pour assurer l'exécution du présent décret.

Visé par les inspecteurs. Signé Auger, Cordier & S.E. Monnel.

Collationné à l'original, par nous président & secrétaire de la Convention Nationale. A Paris, le 22 Germinal, an second de la République Française, une & indivisible. 
Signé AMAR, président ; A.M. Baudot, Monnot, Ch. Pottier & Peyssard, secrétaires.

 Au nom de la République, le Conseil exécutif provisoire mande & ordonne à tous les Corps administratifs & Tribunaux, que la présente loi ils fassent consigner dans leurs registres, lire, publier & afficher, & exécuter dans leurs départements & ressorts respectifs ; en foi de quoi nous y avons apposé notre signature & le sceau de la République. A Paris, le vingt-deuxième jour de Germinal, an second de la République Française, une & indivisible. 
Signé Buchot, président par intérim, Contresigné Gohier. Et Scellée du sceau de la République.

Grandes dates de l'esclavage en Guyane

       1685 : Publication du Code Noir par Louis XIV concernant les esclaves des colonies françaises 
       Les esclaves noirs arrivèrent en Guyane vers le milieu du 17 ème siècle. Un Hollondais du nom de Spranger les y introduisit. Ce dernier possédait une belle plantation à Matoury. 
       1788 : Fondation à Paris de la "Société des amis des noirs" (Abbé Grégoire, Abbé Raynal, Condorcet, Saint-Lambert, Mirabeau...) 
       1789 : Effervescence chez les esclaves. 
       4 Février 1794 : Premier décret d'abolition de l'esclavage par la Convention. Ce décret est appliqué en Guyane par le Commissaire nommé par la Convention, Jeanet-Oudin. 
       1796 : Rétablissement officieux et progressif de l'esclavage par Cointet et Jeanet-Oudin (revenu en Guyane comme Gouverneur). Grand marronage et révolte d'esclaves noyée dans le sang. Seul, 2 chefs rebelles, Siméon et Adome arrivent à se réfugier avec leur groupe.Siméon sur la Comté, et Adome sur le Haut Tonnégrande. Il ne seront poursuivis que sous le règne de Napoléon 1er. 
       1802 : Rétablissement de l'esclavage par Napoléon Bonaparte. Ce fut le Gouverneur Victor Hugues qui remplit cette mission en Guyane. 
       1804 : Suite du grand marronage. Siméon et Adome furent capturés et exécutés. Seul le chef de rébellion Pompée réussit à échapper aux hommes lancés à sa recherche. Il se réfugia avec ses hommes au Sud de Cayenne pendant 22 ans. Retrouvé et capturé, il fut gracié. 
       27 Avril 1848 : Parution du décret d'Abolition définitive de l'esclavage dans les colonies françaises. 
       10 Juin 1848 : Promulgation du décret en Guyane par le Gouverneur Pariset. 
       15 Juillet 1848 : Proclamation de l'abolition de l'esclavage en Guyane par le Gouverneur Pariset 

sources : http://perso.wanadoo.fr/redris/HTML/Esclava.htm




 
R E P U B L I Q U E   F R A N Ç A I S E
LIBERTÉ - EGALITÉ - FRATERNITÉ .

PROCLAMATION (de PARISET)
du Commissaire Général de la République aux Noirs de la Guyane Française

Mes amis,
Dans quelques semaines l'esclavage va cesser à la Guyane. 
Le 10 août prochain, vous entrerez dans un nouvel ordre social, vous serez tous libres. Les magistrats qui ont été récemment dans les quartiers, vous ont expliqué quelle sera votre position dans cet état de choses. Etre libre ce n'est pas être indépendant de toute obligation, au contraire, comme tout le monde, vous dépendrez désormais pour votre conduite et pour vos besoins, de la société et des lois.

R E P U B L I Q U E   F R A N Ç A I S E
LIBERTÉ - EGALITÉ - FRATERNITÉ .

PROCLAMATION (de PARISET en KRÉYÒL !)
du Commissaire Général de la République aux Noirs de la Guyane Française

Mes Amis, 
Encor queq'simain', lip'ka gagné esclave encor là, pays Cayen'! 
Dix Aoùt ka vini, zot oua prend zot rang ké tout'moun, zot tout 'oua lib' ! 
Ça Juges qui té allé là zot quartiers, déjà palé zot ça qui droite - ça zot oua gagné lô jou'là oua vini :
Pars' moun lib' moun pas pouvé fait tout ça ka passé lamoun' tête ;bien au contraire. La loi fait' pou moun lib'; la loi fait pou tout' moun .
Tout' moun besoin la loi, et zot oua vive semblé moun qui oulé respecté li.
 

*C'est Dieu lui-même qui a créé l'homme pour vivre en société et qui ne permet pas que chacun puisse faire, sans règle, toutes ses volontés.
En même temps qu'il nous a donné notre libre arbitre, qu'il nous a accordés des droits, il nous a imposé des devoirs auxquels il faut savoir nous plier, et vous aurez à respecter les droits chez les autres comme il les respecteront chez  vous.
 
*Ça bon Dié mêm qui fait nous, mété la sous la terre, pou nous viv' ensemble, li mem' pas oulé chaquin fai ça ka passé la so tête, sans pas gadé ni dévant ni derriè. Kou bon Dié ka bail nou' libété, kou li ka bail nous droits ; tems la même li ka di nous, nous gagné nous douvuai ka rempli ; et si nous woulé tout' moun' respecté nous pas droits, faut nous-même respecté droits di tout moun'.
 
-Déjà vous avez vu vos anciens maîtres, dans cet esprit de fraternité et de conciliation venir au devant de vous pour traiter des conditions auxquelles
vous pourriez consentir à leur louer votre travail. C'est la reconnaissance de votre droit.Devenus libres, votre travail vous appartient, personne ne peut l'exiger sans être préalablement convenu avec vous d'un juste paiement; vous ne serez plus obligés de le donner à un maître.
Mais votre travail n'a de valeur qu'autant que vous pourrez l'appliquer' et pour l'appliquer il faut des propriétés disposées pour le recevoir et l'utiliser. Or, les propriétés appartiennent toutes à des habitants. Il faut donc pour mettre en oeuvre le travail qui vous appartient, que vous vous entendiez avec ceux à qui appartient la terre.
 
-Zot anciens maitr' yé déjà kavini, palé zot des paroles qui jus', des paroles qui raisonnab' - Yé ka sacé pou fait conditions ké zot, pou zot loué yé zot travail. Pis'ça yé même kavini doumandé pou loué zot travail.
Lor zot oua lib', zot travail oua pou zot cor ; pésonne p'ka pouvé vini obligé zot travail sans pa payé ça qui jusl. Zot p'ka obligé prend zot tems bail oun'mait. 
Mais faut zot songé oun qui chose :
Pou zot pouvé bien vive ké zot travail, faut zot gagné bon côté pou planté, faut zot trouvé moun'qui pouvé payé zot journées, chaq' la terre gagné son maîtr, travail ça di zot, terrain ça di moun qui acheté li .
Faut donc rangé zot zaffair ké mait' di la terre, pou zot pouvé travail et pou tout' moun content.
 
*Sur les habitations où vous êtes actuellement, il existe des cases, des terrains à vivre sur lesquels le propriétaire doit compter pour loger et établir les travailleurs nécessaires à son exploitation; ces cases, ces terrains ont une valeur proportionnelle dans l'ensemble de la propriété, si vous y demeurez, vous devrez en compensation au propriétaire un loyer ou un certain temps de travail, la justice le veut ainsi, et comme quelque part que vous alliez vous aurez toujours à envisager en première ligne cette obligation, je vous engage à examiner avant de changer de lieu, si vous y avez avantage, s'il ne vaut pas encore mieux conserver des cases et des abatis auxquels vous êtes habitués plutôt que d'aller faire des essais ailleurs, où les premiers temps seront nécessairement difficiles puisque tout y sera à créer.
 
*Landan tout' bitation coté zot fica ator'là, Ii gagné caz', li gagné terrain bon pou. planté bati vive. 
- Mait di bitation divet' compté lassou caz yé la pouyé tabli ça moun' qui oua oulé travail kéyé.-Caz terrain, tout ça ça vaut kichose ; si zot ka fica landan caz moune, si zot ka travail lassou so la terre, faut zot payé moun' la so loyé, ou bien, faut zot travail moço pou li. Sa conça même qui oua just'; ça té oua même la tout' côté zot té oua pouvé allé ; faut donc zot songé bon bon avant zot laissé zot ancien bitation, coté zot cout' mé dipi longtemps, coté zot déjà gagné caz' ké bati, faut zot ouai sili paté oua pi miyor resté-la passé di allé coté zot pa connait'et coté zot oua gagné tant di kichose pou fair'avant di tabli bon bon.
-Il faut vous dire que sur ces biens se trouvent des vieillards, des infirmes qui ne peuvent se déplacer comme vous. Ces vieillards et ces infirmes ont travaillé dans leur temps et ont aidé à vous élever. L'humanité vous fait un devoir de concert avec vos anciens maîtres, de leur prêter aujourd'hui aide et assistance, c'est là une charge de chaque communauté, et si vous ne prenez à cet égard des arrangements en restant sur vos habitations respectives, si vous les quittez, comment pourrez vous faire que le propriétaire qui n'aura plus de revenus, ne les abandonne pas aussi à son tour ?
 
-Faut mo fait zot songé ouessi, ça vié moun, ça infirme qui té p'ka pouvé suive zot. Lor pauv' moun' yé là té jaun' lors yé té gaillard, yé té ka travail pou bail zot ancien maît'moyen di levé zot. Si zot guin kior, faut zot hidé maît bitation soin-yé jodi et si zot ka laissé établissement sans moun' qui gaillard pou fait la récolte, comment maît habitation oua fait ? Li-mêm' oua obligé bandonné yé.
*Je dois vous présenter toutes ces choses, comme votre ami, parce que je vous porte un grand intérêt comme à des hommes qui sentent le prix du bienfait dont ils sont l'objet, qui sont capables d'entendre la voix de la raison, et qui libres désormais ne voudront pas rétrograder dans les voies de la civilisation.
 
*Mo divet palé zot tout ça parol'yé-!a, pars' mo ça zot zami ; mo ka poté zot l'intérêt, pars' mo craî zot mérité ça di bien yé ka fait zot ; mo crai zot, oua tendé la raison et zot p' ka oulé pars'zot lib', vini semblé Indien sauvage.
-Ainsi, encore, je dois vous prémunir contre l'abandon des travaux de grande culture pour aller, sur de petites habitations vous borner à faire des vivres. Le couac, la cassave, les bananes ne peuvent se vendre que dans la colonie. Les bâtiments de France n'en prennent pas. Si donc il en vient beaucoup sur le marché, vous en ferez baisser le prix, à peine même trouverez-vous à les vendre, et vous n'aurez pas d'argent nécessaire pour acheter les provisions et les effets d'habillement dont vous aurez besoin. Les marchands du dehors ne peuvent apporter des salaisons, de la vaisselle, des étoffes, des vestes, des chapeaux, des chemises qu'à la condition de trouver dans la colonie du sucre, du café, du coton, du roucou, du girofle à acheter en retour, et c'est, de leur côté, avec la vente de ces produits que les propriétaires auront de quoi vous payer vos journées, ou que vous pourrez vous même procurer de l'argent.  Vous comprenez bien cette combinaison qui fait que votre travail a besoin de terres et des usines de l'habitant, tout comme l'habitant a besoin de votre travail pour mettre ses terres et ses usines en rapport, et que, sans ce double concours, la colonie serait condamnée à ne plus faire de denrées pour l'exportation et retournerait à l'état sauvage.
 
-Encor oun aut'chose mo woulé palé zot. Faut zot pangard laissé tout grand bitation. So prix oua tombé jouk zol p'ka pouvé guin piti moço sou maqué pour zot acheté tout ou' bagage zot besoin. Pou navi pouvé poté viand'salée, lamouri, plats, cam'zas, chimiz-laine, chapeaux tou'kichose, faut yé pouvé trouvé acheté Cayen' ; souc, coton, café; roucou, giroff, etc. Faut zot bien comprann'ça, ké sou maqué di la récolte oun'so yé pouvé payé zot journées; si guia point récolte, gnia point sou maqué ; si gala point sou maqué navi p'ka poté a rien Cayen' et zot oua obligé' tournain maniai indiens.
*Vous avez encore quelques jours devant vous, vous pèserez ces réflexions. Ceux qui voudront quitter les propriétés où ils ont été jusqu'à présent pourront le faire. je vous , le répète, mes amis, vous serez libres, mais vous devrez , vous entendre avec les habitants chez lesquels vous voudrez vous transporter.
Des ateliers nationaux seront ouverts , sur les propriétés domainiales, à la Gabrielle notamment, pour ceux qui ne trouveraient pas à s'employer sur les habitations particulières et, suivant leur force et leur travail, il leur sera accordé une rétribution convenable. Le Gouvernement vous donnera tous les moyens de vous utiliser, mais il ne veut pas de vagabondage, et les individus qui s'abandonneraient à l'indolence et à l'oisiveté, qui croiraient pouvoir passer leur temps en courses dans les quartiers ou en canot sur les rivières, ou qui iraient s'établir sur les terrains de l'état, seront arrêtés par la police et seront livrés aux tribunaux, qui les enverront aux ateliers de discipline. 
-Il en serait de même de ceux qui commettraient des désordres, qui se livreraient au vol ou à des dégradations. La Guyane ne doit compter que des citoyens honnêtes et utiles, pouvant toujours justifier de leur domicile et du travail qui les fait vivre, et toutes les mesures seront prises pour les encourager et les protéger.
 
*Zot gagné moço tems divant zot, pou zot songé tou ça bon bon. Après ça - moun qui oua woulé absolument laissé bitation, côlé yé fica jodi yé oua pouvé allé, pars'mo ka répété zot, zot oua lib'mais zot oua obligé rangé kè mait'di ça bitation coté zot oua oulé allé tabli. Ça moun'qui p'ka pouvé trouvé travail, gouvernement oua occupé yé la Gabriel', ou bien que'ouot coté, et yé oua payé yé journée suivant yéfors.
Ça fait pésonn' p'ka pouvé di lip' ka trouvé côté pou li travail. La République pas oulé moun' fica sans fai a rien ka vagabondé oun'so la canon, ka couri tout' quartier, ka tabli lassou térain di gouvernement ; ça moun' yé là, gendarm' oua quimbé yé, et tribinal oua voyé yé la latelier discipline.
-Ça tan cou moun qui oua volor et qui oua allé fait train ké désordre lassou abitation ouot moun' tribunal là pou yé. Ça mouní honnetíouní so, moune qui utile yé divet contré Cayen, et ça moun yé la gouvernement gàgné ator là oueil lassou-yé pou protégé yé.
*Je ne vous parle pas de la rémunération de votre travail. Divers arrangements peuvent être faits à cet égard, soit que vous entriez en association avec les propriétaires chez lesquels vous vous placerez, à la condition d'une part dans la récolte, soit que vous affermiez des terrains à cultiver à moitié fruits soit que vous travailliez moyennant des salaires à la tâche ou à la journée. C'est un objet à débattre entre vous et les propriétaires et dans lequel le respect même de votre libre-arbitre fait un devoir au gouvernement de ne pas intervenir. La diversité des cultures, la diversité des localités dont est favorisé ce beau pays de la Guyane, comporte d'ailleurs tous ces divers modes. Mais une fois les conditions arrêtées, les conventions passées, il faudra les exécuter avec loyauté, et persévérance, sans se laisser rebuter par quelques mécomptes tenant quelquefois aux intempéries des saisons ou à des premiers essais. S'il s'élevait des difficultés entre vous et ceux qui vous emploieront, des jurys seraient institués à porter des justiciables dans les cantons pour entendre les plaintes pour prononcer avec équité et rendre à chacun suivant son droit.
 
*Ça zot mêm' pou rangé zot zaffai pou ça qui ka r' gardé zot paiement. Ça zot pou débat' ké mait' bitation yé, ça ka convini-yé, ça ka convini zot : Si zot ka rangé pou yé bail zot, zot part di la récolte, si yé ka payé zot jounée ou bien zot tache ; tout ça façon yé là bon ; gouvernement pas gagné pou mélé landan, ça zot zaffai mem'.
Chaq' coté guin so façon travail, so façon la récolte chaq'coté divet gagné so façon paiement, mais for zot rangé ké moun, faut pas zot changé tout suit'conça pas té ké bon. Faut zot travail ké kiô, sans pas sacé pou trompé moun qui ka employé zot' ; moun-là mêm divet fait ça li promet' et si oun jou vini, zot pas pouvé d'accor, ça moun qui oua gagné pou plain' soit rnoun ka travail, soit moun' qui pas ka employé yé oua pouvé allé divan oun' magistrat tribunal, oun jury, gouvernement kallé établi là chaque quartié pou tandé raison di tout moun' et di ça qui just.
-Mes amis, vous êtes sur le point d'aborder une grande épreuve. La République vous a appelés sans transition, de l'esclavage à la liberté. Les colonies étrangères contemplent ce spectacle avec étonnement. Ne cédez pas à un premier entraînement; Réfléchissez, et prouvez-leur que pour vous, comme pour vos frères d'Europe, vous saurez garder la noble , devise de la France : La Liberté, l'Egalité, la Fraternité, dans un travail fructueux et honorable, dans la paix publique, dans les liens de la famille, dans l'obéissance aux lois de la religion et de la patrie.
 
 

Cayenne, le 15 Juillet 1848.
Le Commissaire Général de la République, Signé : PARISET
 

-Mes amis, ça oun' grand kichose yé kallé fai ké zot.
La République ka prend zot tout' qui esclave jodi et li ka fai lib'. Toute nation qui guin esclave, yé là ka gadé, yé pas pouvé crai ça bon kichose la République ka fai.
Ca zot' pou fai attention lassou façon zot kallé conduit alor là. Songé bon bon ! Faut zot montré yé, faut zot montré zot frai yé, qui ka travail en France, zot mêm'ouessi bons pour la liberté l'Egalité la Fraternité. Mo sur zot oua travail honorablement zot p'ka fai aucun désordre; zot oua soin zot famille et zo oua respecté la loi di bon Dié ké la loi di nous pays ! 

Cayenne, le 18 Juillet 1848. 
Le Commissaire général de la République, Signé : PARISET
 

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