" (...) que la parole de Damas continue à être déclamée,
chantée, portée, toastée… sur la Terre
des Parias et ailleurs !"
KrakéDamas fut sans conteste la manifestation
du "Temps des Poètes" 2002. Que dis-je ! l’événement
culturel de cette année ! Il s’agissait, et pas moins que cela,
pour des jeunes de 16-25 ans de s’approprier les textes de Léon
Gontran Damas. Ces textes écrits dans la première moitié
du vingtième siècle ont montré leur éternelle
jeunesse. Après avoir traduit la colère, la révolte
mais aussi les amours de Damas lui même, les jeunes devaient les
travailler, les lire, les comprendre surtout les adapter sur le tempo des
musique actuelles, jeunes et urbaines. Ce fut un pari fou que de mettre
en adéquation ces jeunes aux itinéraires difficiles qui évoluent
entre le « faya » et le « fight » sur des «
booster fou » et qui tout comme Damas sont nés tout au bout du Monde
LÀ-BAS et sont pétri d’une enfance afro-amérindienne.
Ils sont, eux aussi, en rupture avec le système, l’école
et depuis longtemps pour certains. Des jeunes pas toujours jeunes, bien
vus et bien perçus ! Et pourtant, ils ont accepté, adopté,
compris le message de Damas, de ces textes de Damas qui ont surmonté
l’épreuve du temps, de la pluie, du soleil, du « senkantsenk
», du « tiraj », du « kali », du « black
label » et que sais-je encore ? Le plus surprenant est que ces textes
ont épousé leurs colères, leur malaise, leur mal être
mais aussi leur volonté de vivre. De cette jeunesse qui ignorait
jusqu’à hier cet Homme, ce Guyanais, Notre Compatriote !
Lakaz maître d’œuvre de cette opération en partenariat
avec Krakémantò a su donner une dynamique à
ce pari fou. Les voilà parti sur le boto Damas du dégrad de
Kamalakuli en passant par le porche de la Bibliothèque Franconie pour
arriver à la Médiathèque de Kourou avec au takari Abdulahsaï
& DJ Da Bac. Plus d’hésitations à mettre Damas
dans la rue, sur le trottoir, dans les marchés, à la portée
de tous, grâce à ceux là :
Les gueux
Les peu
Les rien
Les chiens
Les maigres
Les nègres
Qui ont, enfin, fait sortir Damas de ces salons enfumés où
les bien-pensants, les mal pensants, les autorisés à parler,
les habilités à s’exprimer le conservaient jalousement. Ils
lui donneront moins l’impression d’être ridicule.
Tout le mal que l’on puisse souhaiter à KrakéDamas
est que tel :
l’enfant que la nurse pousse
d’avenue en boulevard
de boulevard en place
de place en jardin
de jardin en rue
de rue en square
de square en parc
de parc en parc
et de part en part
que la parole de Damas continue à être
déclamée, chantée, portée, toastée…
sur la
Terre des Parias et ailleurs !