Nuits sans nom
Nuits
sans lune
Où j'aurais voulu
Pouvoir
ne plus douter
Tant
m'obsède d'écoeurement
Un
besoin d'évasion[1]
Traiter du marronnage en Guyane impose une mise au point car un certain nombre d'auteurs[2] ont accrédité la thèse que ce phénomène y aurait été insignifiant voire inexistant et qu'il n'aurait concerné que les "Noirs marrons" ces esclaves qui ont fui le Surinam pour se réfugier en Guyane en 1776. Le marronnage est consubstantiel à l'esclavage, la Guyane n'a donc pas échappé à ce phénomène et la première mention du marronnage provient d'une lettre du gouverneur Férrolles[3] datée du 12 juillet 1696. Elle fait état d'un groupe de marrons ayant également assassiné un Amérindien. L'histoire des marrons de la Montagne Plomb offre un démenti à cette assertion d'autant que le mouvement se poursuit tout au long du XIX ème siècle avec les grandes figures du marronnage guyanais que sont Adome, Jérôme, Simon, Pompée et Linval.
Le marronnage a toujours été une préoccupation constante des autorités, le Code noir de 1685 en prévoyait les sanctions. Quant aux habitants, ils n'avaient de cesse de réclamer des mesures particulières visant à renforcer le dispositif prévu à l'article 38 :
L'esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois à compter du jour que son maître l'aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées et sera marqué d'une fleur de lis sur une épaule ; et s'il récidive une autre fois à compter pareillement du jour de la dénonciation, aura le jarret coupé et il sera marqué d'une fleur de lis sur l'autre épaule ; et la troisième fois il sera puni de mort.
En 1721, ils réclament de pouvoir tirer à vue sur les marrons qu'ils rencontreraient et qui s'enfuiraient à leur vue. La nouvelle version du Code noir de 1724 leur donne satisfaction puisque l'article 35 énonce :
"Permettons à nos Sujets dudit pays, qui auront des esclaves fugitifs en quelque lieu que ce soit, d'en faire la recherche par telles personnes & telles conditions qu'ils jugeront à propos, ou de la faire eux-mêmes, ainsi que bon leur semblera".
Cette disposition induit que la répression contre le marronnage semble
de plus en plus échapper à la justice officielle pour devenir
l’apanage des propriétaires autrement dit à une justice étatique
se substitue une justice privée. Le phénomène du marronnage
inquiétait suffisamment les autorités pour qu’elles
signent, le 1er septembre 1713, avec la colonie du Surinam, une convention
par laquelle les 2 colonies s’interdisaient de recevoir des esclaves fugitifs
et s’engageaient à les restituer. Un document analogue est signé
avec le Portugal le 3 mai 1753.
Durant la décennie 1730-1740, la plupart des colonies de l’arc antillais
(la Jamaïque, la Dominique, Antigue, la Guadeloupe, sans oublier
les colonies danoises) voit s’intensifier l’agitation des esclaves. Sur le
continent, la situation est tout aussi instable, le Surinam inquiète
les autorités coloniales françaises, celles-ci craignent une
contagion comme l’attestent une série de courriers adressés
au ministère de la Marine d’autant qu’en 1749, le gouverneur du Surinam
lance une grande offensive contre les marrons Saramaka. Ces vagues de rébellion
doivent être mise en perspective avec l’augmentation
générale, dans l’espace américain, de la population
servile au XVIIIème. La Guyane n’échappe pas à cette
tendance, en 1709, elle dispose de 1920 esclaves,
tandis qu’en 1737, ceux-ci sont évalués à 4413 .
[4].
Le camp des marrons de la montagne Plomb
L'histoire des
marrons de la montagne Plomb[5]
(1742-1767) relève du grand marronnage c’est-à-dire la
désertion, depuis plus d’un mois, de l’habitation. Ce cas de marronnage
s’avère exceptionnel pour les historiens, ceux-ci disposent,
fait quasiment unique dans l’historiographie de l’esclavage des Antilles
et de la Guyane, de la déposition d’un marron, Louis, capturé
par des soldats lors d’une incursion armée en 1748. Agé de
15 ans, au moment de son arrestation, il livre des informations nombreuses
et détaillées sur l’organisation et le fonctionnement interne
du camp. Sa jeunesse confère à ce témoignage une
véracité qui se fonde sur la spontanéité de
révélations.
C’est autour de 1742 que se constitue la communauté des marrons de la Montagne Plomb[6].
Celle-ci tire son nom d’une sorte de gravier noir abondant sur le site et
pouvant être utilisé pour la chasse. La Montagne Plomb est localisée
dans un triangle dont les sommets sont Sinamary, au nord,
Saint Elie au sud et Montsinnéry-Tonnégrande, à l’est.
Elle se trouve aujourd’hui dans la zone de retenue du barrage de Petit
Saut et est classée zone naturelle d’intérêt écologique
floristique et faunistique[7].
Composée
au début sur une base familiale, sous la conduite d’Augustin, la communauté
des marrons se renforce avec l’apport d’esclaves enlevés sur leurs
anciennes habitations ou ceux convaincus de partir vers la liberté.
Au fil des années le groupe s’agrandit mais un conflit, en 1748, conduit
celui-ci à se scinder en deux, l’un dirigé par Augustin et
l’autre par André.
En 1748, le père Fauques, un jésuite, se propose comme
médiateur pour les convaincre de revenir avec lui en échange
d’une amnistie et de l’engagement des maîtres à bien les
traiter à l’avenir. Une cinquantaine d’entre eux se rendent,
ils sont remis à leurs maîtres mais les promesses n’étant
pas respectées, ils marronnent à nouveau.
En septembre 1749, l’ordonnateur Le Moyne engage à nouveau la chasse
aux marrons avec un détachement composé de soldats, d’habitants
et d’Amérindiens provenant de l’Oyapock. Leur résistance est
farouche et les troupes coloniales sont repoussées ; mais les
autorités ne renoncent pas et font appel à des renforts commandés
par le capitaine Mouchard. En raison de leur infériorité numérique
et de la faiblesse de leur équipement militaire, les marrons subissent
de longues pertes, leurs établissements sont détruits
nombre d’entre eux sont faits prisonniers parmi lesquels le jeune Louis mais
les chefs parviennent à s’échapper.
André qui avait gagné la forêt a remis sur pied une communauté
plus nombreuse, installée cette fois-ci en amont du fleuve Kourou
sur la Montagne Plomb. En 1752, il reprend ses raids sur les habitations
réactivant du même coup la répression coloniale. Le nouvel
emplacement du camp aux abords d’un fleuve navigable va permettre à
la troupe de les attaquer par surprise. Les carbets sont incendiés,
les abattis[8]
saccagés et les prisonniers ramenés à Cayenne
pour être exécutés en place publique. Parmi eux, Copena,
un marron récidiviste[9], ,
condamné au supplice de la roue, Claire, sa compagne est pendue et
étranglée tandis que leurs deux enfants sont contraints d’assister
aux supplices de leurs parents. André parvient une fois de plus à
s’échapper avec 4 hommes et une femme et il réorganise
une nouvelle communauté. D’après les historiens, après
1767, les autorités coloniales perdent les traces de leur
camp et celui-ci semble se dissoudre dans les profondeurs
de la forêt. La fin de cette communauté est symbolique du rôle
connivent ou complice du territoire dans le destin de ces hommes et femmes
épris de liberté.
A partir du témoignage de Louis, recueilli devant le tribunal
de Cayenne, le 26 octobre 1748, l’histoire des marrons de la Montagne Plomb
se révèle à nous comme un instantané, en interne,
de ce que pouvait être le marronnage. Emblématique
à ce titre, elle l’est également pour d’autres
aspects mais aujourd’hui nous en avons retenu 2 : la forte composante
féminine et le rapport au territoire.
Des femmes dans le marronnage
Fonctionnant en autarcie, le village de marrons est organisé en cases
et en carbets abritant 72 individus se décomposant comme suit :
29 hommes, 22 femmes, 9 négrillons et 12 « négrittes »
autrement dit, des jeunes négresses.
Si l’on en juge par les révélations de Louis, la
situation est plutôt exceptionnelle puisque en 1748 la communauté
compte 34 éléments féminins sur une population de 72
personnes. Cette forte représentation féminine est-elle le
fruit d’un processus continu de désertions ou celui de rafles
ponctuelles dans les habitations ? Nous ne disposons d’aucun élément
précis pour répondre à cette interrogation mais nous
pouvons mettre en évidence les significations de la présence
de cette forte composante féminine.
Elle confirme que l’aspiration à la liberté existait
chez les femmes comme les hommes, suffisamment puissante pour abandonner
« un monde connu » et affronter un environnement faiblement
anthropisé, certes synonyme de refuge mais néanmoins perçu
comme inhospitalier. Le nombre important d’enfants dans le camp, 9 négrillons
et 12 négrittes, nous confirme qu’elles n’hésitent pas
à marronner avec leurs enfants comme l’a fait Claire, la compagne
de Copena.
La forte présence de l’élément féminin représente
à n’en pas douter un facteur de pacification à l’intérieur
du groupe, les conflits générés par la pénurie
de femmes n’ont pas lieu d’être. Cette configuration renforce
la sécurité du camp puisqu’il n’est pas nécessaire de
prendre des risques avec des « opérations coup de poing »
pour s’approvisionner en femmes dans les habitations limitrophes.
La répartition équilibrée entre les hommes et les femmes
constitue un facteur de stabilisation renforçant la cohésion
interne du groupe. La vie s’organise en couple, comme Isabelle et Philippe,
Colombine et Jean, Geneviève et André ainsi que Roze et François.
Il convient de remarquer que les individus constitués en couple sont
la propriété du même maître. Isabelle et Philippe
étaient des esclaves du sieur Gourgues l’Aîné,
Geneviève et André ceux de M. Le Roux tandis que Roze
et François appartenaient au sieur Jean Mesnard. On peut donc avancer
l’hypothèse qu’ils étaient déjà en couple sur
l’habitation qu’ils ont fui ou qu’ils se sont formés dans le marronnage.
Par ailleurs, la cohabitation de plusieurs générations de femmes,
Jacqueline est la mère de Madelon, elle-même la mère
de 5 filles (aucun élément ne nous permet de savoir si
ces fillettes sont nées sur l’habitation ou dans le camp) participe
également au renforcement de la cohésion du groupe.
La participation active des femmes à l’organisation économique
de la communauté s’inscrit comme un facteur d’efficacité
car dans un contexte somme toute menaçant, l’utilisation rationnelle
des ressources humaines, matérielles et techniques des marrons relève
de la survie collective. Les femmes y prennent toute
leur part, dans les tâches qui leur sont traditionnellement dévolues,
la cuisine, les travaux domestiques, les soins aux enfants, elles assument
la fonction de sages-femmes, elles filent le coton, et travaillent
dans les abattis. [10].
Cet
équilibre des sexes dans la communauté de marrons de
la montagne Plomb ne pouvait que favoriser les conditions pour un projet
de vie pérenne hors du carcan esclavagiste. Les marrons pouvaient
ainsi envisager de soustraire leurs enfants aux rigueurs de l’esclavage.
Nul doute que telle devait être l’aspiration de la négresse
Roze dont Louis mentionne la grossesse dans sa déposition. Le rapport
de forces et les conditions environnementales en ont décidé
autrement. Toutes ces femmes dont nous ignorons tout, à l’exception
d’un prénom, puisque vouées à l’inexistence du fait
de leur condition d’esclave, méritent de rester dans notre mémoire
collective pour leur courage et leur engagement aux côtés des
hommes qui tentèrent le tout pour le tout afin de retrouver la liberté
perdue.
Un territoire allié des marrons
C’est un fait admis pour les historiens, le grand marronnage a surtout existé
dans les territoires qui disposaient d’un hinterland c’est-à-dire
d’un arrière-pays permettant aux esclaves d’accéder à
des zones refuges difficilement accessibles aux colons. C’est le cas des
iles de la Jamaïque et de Cuba et des territoires continentaux
comme le Brésil, le Surinam, le Guyana et bien entendu
la Guyane.
Partir en marronnage signifie quitter l’univers plantationnaire. Ce
projet implique de fait l’abandon d’un monde connu, hostile, à
bien des égards, mais dans lequel l’esclave néanmoins
y a inscrit des repères. Ce projet induit une prise de risques
mettant en jeu la vie de celui-ci et il constitue un pari par
rapport à un territoire dont la connaissance est plus qu’approximative.
La Guyane du XVIIIème siècle est une colonie faiblement anthropisée.
Se déplacer, à l’époque, s’apparente à
une épreuve physique. Il y a peu de chemins mais des layons,
marcher est non seulement pénible mais épuisant en raison
de la boue et de la pénombre occasionnée par les chutes
d’arbres. A l’époque, les seuls à y évoluer avec aisance
sont les Amérindiens. Son exploration est à peine entamée,
seule une bande littorale d’environ 20 km, est occupée
par des habitations disséminées, de l’estuaire de l’Oyapock
à l’estuaire du Kourou incluant la région Cayenne jusqu’à
la Comté. Celle-ci correspond à un espace circonscrit, compte
tenu de la superficie globale de la colonie.
L’établissement des marrons de la montagne Plomb révèle
un rapport à la fois aventureux mais néanmoins raisonné
du territoire. Aventureux, parce que les esclaves ont su dépasser
l’appréhension, somme toute naturelle, ressentie face à un
environnement inconnu et perçu par tous comme rebutant « Grand
bois est si semblable que […] ce n’est que la grande pratique qui [… permet]
de se retrouver, ayant ny chemin, ny trace, ny marque pour indiquer des routes".[11] "En
décidant de mettre de la distance entre l’habitation et eux,
les marrons ont fait le pari de retourner à leur avantage les inconvénients
d’un environnement qui leur est peu familier. L’impénétrabilité
de la forêt constitue à leurs yeux un obstacle naturel
leur garantissant un abri sûr contre les incursions des chasseurs de
Noirs. Ils misent également sur la capacité de cette même
forêt à pouvoir les nourrir.
La déposition de Louis nous révèle qu’ils apprennent
à apprivoiser ce nouveau milieu. Ils ne se contentent pas de fier
à la sécurité naturelle qu’offre cet espace, ils
y instaurent des règles de sécurité. Celles-ci
concernent leur manière de se déplacer « ayant attention
de marcher sur les arbres tombés ; ou lorsque le pied se trouve
imprimé d’effacer en partant comme fait le gibier et de couvrir de
feuilles.[12]" Ils
acquièrent une certaine connaissance du milieu leur permettant, lors
de leurs déplacements, de se faire reconnaître.
Ils utilisent des espèces végétales comme le « bois
canon » avec lequel ils émettent des sifflets ou ils frappent
le tronc de certains arbres produisant un son particulier. Lorsqu’arrivent
de nouvelles recrues, celles-ci sont conduites au camp après maints
détours pour les empêcher de mémoriser le trajet. Autre
précaution, suite au différend qui oppose les 2 chefs,
Augustin et André, « le quartier général »,
c’est l’expression de Louis, se scinde en deux. Deux campements pas trop
éloignés l’un de l’autre sont donc établis mais seuls
les chefs en connaissent le trajet exact.
Cette adaptation
au milieu passe également par des contacts avec les Amérindiens
dont ils adoptent des techniques, la nivrée pour la pêche,
le maniement de l’arc pour la chasse, la fabrication du sel extrait des cendres
du palmier dénommé le maracoupy. Ils font leurs des pratiques
alimentaires amérindiennes comme le mabi[13]
ou le cachiri[14].
Ils leur doivent également de savoir
utiliser la voie fluviale pour se déplacer, Louis fait état à plusieurs
reprises du dégra[15] de la
crique Patawa. Notons au passage la relation paradoxale que les Amérindiens
entretiennent avec les marrons puisque recrutés comme guides par les autorités
coloniales, ils ont activement participé aux poursuites contre ces derniers.
Tous ces éléments
mettent en évidence leurs facultés d’adaptation pour maitriser
les contraintes d’un milieu dont dépend leur survie. Les marrons
font preuve d’une réelle créativité pour élaborer
une gestion de l’espace prenant en compte la grande proximité
dans laquelle ils sont avec les habitations. Il convient de se souvenir
que c’est sur un périmètre d’environ 20 km de profondeur à
partir de la mer qu’évoluent les colons, la population servile et
les marrons. Là encore, le témoignage de Louis s’avère
très précieux, il nous apprend que du camp, ils entendent
tonner le canon à Cayenne, ce qui leur permet d’évaluer
s’il s’agit d’une alarme. De même, le jour de la Fête-Dieu, ils
sont à l’écoute du son du canon pour entamer
leur propre célébration de la sortie du Saint-Sacrement :
« ils se mettent à genoux et vont en procession de leurs
cazes en récitant des cantiques, les femmes portant des croix[16]".
En 1749, lors de la médiation du père Fauque, celui-ci
n’a guère de difficultés pour découvrir leur localisation.
Il identifie leurs abattis[17]
mais il ne trouve personne, puisque ceux-ci s’étaient réfugiés
dans une zone de repli prévue à cet effet. Si l’objectif
est de se mettre hors de portée des maitres et des autorités,
il n’est pas question de s’aventurer imprudemment dans les profondeurs
des « gran bwa »[18] . Les
marrons se mettent donc à l’abri, juste à la bonne distance
pour ne pas trop s’éloigner du monde colonial. Leur survie en dépend
car le camp des marrons fonctionne en intéraction avec les habitations.
Celles-ci demeurent le lieu où l’on peut récupérer
des outils et des instruments nécessaires à la vie quotidienne
(des haches, des serpes, des limes, des marteaux, des platines à
cassaves, des chaudières à roucou) mais également
des armes, Louis révèle qu’ils possèdent 10 fusils.
Les esclaves restés sur l’habitation fournissent aux marrons des informations
sur la situation générale de la colonie et surtout, ils constituent
de potentielles recrues susceptibles de grossir leur rang. Ces contraintes
leur imposent de prendre des risques calculés qui témoignent
de leur lucidité face à la précarité
de leur situation mais tout autant de leur détermination à
perdurer.
Aux yeux des colons, cette proximité les rend d’autant plus dangereux
que le rapport de forces est en faveur des esclaves, 1 à 5 ou 1 à
10 c’est selon. Pour les colons, la persistance de ces poches de résistance
recèle un véritable danger pour l’ordre et la sécurité
d’autant qu’ils n’ignorent pas que « les esclaves de la
colonie sans savoir ou étoit l’établissement connoissoient
tous les rendez-vous où les chefs venaient les prendre et ils pensaient
que tous les Blancs n’étoient pas capables de surmonter les difficultés
et de supporter les fatigues d’une route à travers bois sans guide
et sans aucune commodité pour la vie [19]" Même
résiduel, le marronnage ne disparaît jamais tout à
fait de la colonie. A la veille de la Révolution, en 1787, les autorités
coloniales estiment pouvoir laisser tranquilles les quelques survivants
qui, de leur point de vue, ne représentent plus aucun danger significatif
(168 marrons sur 10 000 esclaves).
Même en disposant de ces deux atouts que sont la
forte composante féminine et un milieu naturel presque
complice, les marrons du camp de la montagne Plomb ne parviennent pas
à s’établir durablement, contrairement à ce qui se passe
dans d’autres colonies. Si leur faiblesse numérique n’a pas permis
la pérennisation de leur établissement, il n’en demeure
pas moins que leur désir de liberté a contribué
à faire reculer la frontière intérieure de la
Guyane.
Lydie HO-FONG-CHOY CHOUCOUTOU
Université Populaire de Guyane
Matiti, 23
mai 2009
BIBLIOGRAPHIE
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françoises de la Guianne, Ibis Rouge éditions,
2002.
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1950, réédition Guyane Presse éditions, 1989.
POLDERMAN, Marie. La Guyane française (1676-1763),
mise en place et évolution de la société
coloniale, tensions et métissages, Ibis Rouge éditions, 2004.
[1] Damas, Léon Gontran "Il est des nuits", Pigments, Présence Africaine, 1972.
[2] Price Richard et Sally. Les marrons, Vents d'ailleurs, 2003.
Jolivet Marie-Josée. La Question créole : essai de sociologie sur la Guyane française, ORSTOM, 1982.
[3] Pierre Eléonore de Ferrolles gouverneur de la Guyane à quatre reprises : 1679-1680 ; 1681-1684 ; 1687-1688 ; 1691-1705.
[4] Polderman Marie. La Guyane française 1673-1763, mise en place et évolution de la société coloniale, tensions et métissage. Ibis Rouge éditions 2004.
[5] Les marrons n'étaient pas cantonnés sur le site de la montagne Plomb, ils évoluaient dans un périmêtre plus large, celle-ci étant le poste le plus éloigné des habitations au fur et à mesure qu'ils sont contraints de s'enfoncer dans la forêt.
[6] "ainsi nommée à cause du gravier noir dont les Nègres se servent pour la chasse"
[7] ZNIEFF de 11 401 ha.
[8] Parcelles de terre cultivées utilisant la technique de l'agriculture sur brûlis
[9] Il avait eu précédemment les oreilles coupées.
[10] Parcelles de terre cultivées utilisant la technique de l'agriculture sur brûlis
[11] Cité par Marie Polderman, Lettre des administrateurs au Ministre en 1752.
[12] Ibidem.
[13] Boisson fermentée à base de patate douce.
[14] Boisson fermentée à base de manioc.
[15] Mot créole désignant un embarcadère.
[16] Extrait de la déposition de Louis.
[17] Parcelles de terre cultivées utilisant la technique de l'agriculture sur brûlis
[18] Grands bois
[19] Cité par Ciro Flammarion Cardoso p. 409