LES MARRONS DE LA MONTAGNE PLOMB : UNE HISTOIRE EXEMPLAIRE DE FEMMES ET DE TERRITOIRE (1742-1767)

                                         

Nuits sans nom

Nuits sans lune

  j'aurais voulu

Pouvoir ne plus douter

Tant m'obsède d'écoeurement

Un besoin d'évasion[1]

 

 

               

Traiter du marronnage en Guyane impose une mise au point car un certain nombre d'auteurs[2] ont accrédité la thèse que ce phénomène y aurait  été insignifiant  voire inexistant et qu'il n'aurait concerné que les "Noirs marrons" ces esclaves qui ont fui le Surinam pour se réfugier en Guyane en 1776. Le  marronnage est consubstantiel à l'esclavage, la Guyane n'a donc pas échappé à ce phénomène et la première mention du marronnage provient d'une lettre du gouverneur Férrolles[3] datée du 12 juillet 1696. Elle fait état  d'un groupe de marrons ayant également assassiné un Amérindien. L'histoire des marrons de la Montagne Plomb offre un démenti à  cette assertion d'autant que le mouvement se poursuit tout au long du XIX ème siècle avec les grandes figures du marronnage  guyanais que sont Adome, Jérôme, Simon, Pompée et Linval.

Le marronnage a toujours été une préoccupation constante des autorités, le Code noir de 1685 en prévoyait  les sanctions. Quant aux habitants, ils n'avaient de cesse de réclamer des mesures particulières  visant à renforcer le dispositif prévu à l'article 38 :

 

 L'esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois à compter du jour que son maître l'aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées et sera marqué d'une fleur de lis sur une épaule ; et s'il récidive une autre fois à compter pareillement du jour de la dénonciation, aura le jarret coupé et il sera marqué d'une fleur de lis sur l'autre épaule ; et la troisième fois il sera puni de mort.

 

En 1721, ils réclament de pouvoir tirer à vue sur les marrons qu'ils rencontreraient et qui s'enfuiraient à leur vue. La nouvelle version du Code noir de 1724 leur donne satisfaction puisque l'article 35 énonce :

 

"Permettons à nos Sujets dudit pays, qui auront des esclaves fugitifs en quelque lieu que ce soit, d'en faire la recherche par telles personnes & telles conditions qu'ils jugeront à propos, ou de la faire eux-mêmes, ainsi que bon leur semblera".

 

  Cette disposition induit que la répression contre le marronnage semble de plus en plus échapper à la justice officielle pour devenir l’apanage des propriétaires autrement dit à une justice étatique se substitue une justice privée. Le phénomène du marronnage inquiétait suffisamment  les autorités pour qu’elles  signent, le 1er septembre 1713, avec la colonie du Surinam, une convention par laquelle les 2 colonies s’interdisaient de recevoir des esclaves fugitifs et s’engageaient à les restituer. Un document analogue est signé avec le Portugal le 3 mai 1753.
Durant la décennie 1730-1740, la plupart des colonies de l’arc antillais (la Jamaïque, la Dominique, Antigue, la Guadeloupe, sans oublier  les colonies danoises) voit s’intensifier l’agitation des esclaves. Sur le continent, la situation est tout aussi instable, le Surinam inquiète les autorités coloniales françaises, celles-ci craignent une contagion comme l’attestent une série de courriers  adressés au ministère de la Marine d’autant qu’en 1749, le gouverneur du Surinam lance une grande offensive contre les marrons Saramaka. Ces vagues de rébellion  doivent  être mise en perspective  avec  l’augmentation générale, dans l’espace américain, de la population servile au XVIIIème. La Guyane n’échappe pas à cette tendance, en 1709,  elle dispose de  1920  esclaves,  tandis qu’en 1737, ceux-ci sont évalués à 4413 .  [4].

 

 

Le camp des marrons de la montagne Plomb

 

L'histoire des marrons de la montagne Plomb[5] (1742-1767) relève du  grand marronnage c’est-à-dire la désertion, depuis plus d’un mois, de l’habitation. Ce cas de marronnage s’avère exceptionnel pour les historiens, ceux-ci  disposent, fait quasiment unique  dans l’historiographie de l’esclavage des Antilles et de la Guyane, de la déposition d’un marron, Louis, capturé par des soldats lors d’une incursion armée en 1748. Agé de 15 ans, au moment de son arrestation, il livre des informations nombreuses et détaillées sur l’organisation et le fonctionnement interne du camp. Sa  jeunesse confère à ce témoignage une véracité qui se fonde sur la spontanéité de  révélations. vilaj
            C’est autour de 1742 que se constitue la communauté des  marrons de la Montagne Plomb[6]. Celle-ci tire son nom d’une sorte de gravier noir abondant sur le site et pouvant être utilisé pour la chasse. La Montagne Plomb est localisée dans un triangle dont les sommets sont Sinamary, au nord,
Saint Elie au sud et Montsinnéry-Tonnégrande, à l’est. Elle se trouve  aujourd’hui dans la zone de retenue du barrage de Petit Saut et est classée zone naturelle d’intérêt écologique floristique et faunistique[7].

Composée au début sur une base familiale, sous la conduite d’Augustin, la communauté des marrons se renforce avec l’apport d’esclaves enlevés sur leurs anciennes habitations ou ceux convaincus de partir vers la liberté. Au fil des années le groupe s’agrandit mais un conflit, en 1748, conduit  celui-ci à se scinder en deux, l’un dirigé par Augustin et l’autre par André.
En 1748, le père Fauques, un jésuite, se propose  comme médiateur pour  les convaincre de revenir avec lui  en échange d’une amnistie et de l’engagement des maîtres à  bien les traiter à l’avenir.  Une cinquantaine d’entre eux  se rendent, ils sont remis à leurs maîtres mais les promesses n’étant pas respectées, ils marronnent à nouveau.
En septembre 1749, l’ordonnateur Le Moyne engage à nouveau la chasse aux marrons avec un détachement composé de soldats, d’habitants et d’Amérindiens provenant de l’Oyapock. Leur résistance est farouche et les troupes coloniales sont repoussées ; mais les autorités ne renoncent pas et font appel à des renforts commandés par le capitaine Mouchard. En raison de leur infériorité numérique et de la faiblesse de leur équipement militaire, les marrons subissent de longues pertes, leurs établissements sont détruits  nombre d’entre eux sont faits prisonniers parmi lesquels le jeune Louis mais les chefs parviennent à s’échapper.
André qui avait gagné la forêt a remis sur pied une communauté plus nombreuse, installée cette fois-ci en amont du fleuve Kourou sur la Montagne Plomb. En 1752, il reprend ses raids sur les habitations réactivant du même coup la répression coloniale. Le nouvel  emplacement du camp aux abords d’un fleuve navigable va permettre à la troupe de les attaquer par surprise. Les carbets sont incendiés, les abattis[8]  saccagés et les prisonniers ramenés à Cayenne pour être exécutés en place publique. Parmi eux, Copena, un marron récidiviste[9], , condamné au supplice de la roue, Claire, sa compagne est pendue et étranglée tandis que leurs deux enfants sont contraints d’assister aux supplices de leurs parents. André parvient une fois de plus à s’échapper avec 4 hommes et une femme et  il réorganise une nouvelle communauté.  D’après les historiens, après 1767,  les autorités coloniales perdent les traces de leur  camp  et celui-ci semble se dissoudre dans les  profondeurs  de la forêt. La fin de cette communauté est symbolique du rôle connivent ou complice du territoire dans le destin de ces hommes et femmes épris de liberté.
A partir du témoignage de Louis, recueilli  devant le tribunal de Cayenne, le 26 octobre 1748, l’histoire des marrons de la Montagne Plomb se révèle à nous comme un instantané, en interne, de ce que pouvait  être  le marronnage. Emblématique à ce titre, elle l’est  également  pour d’autres aspects mais  aujourd’hui nous en avons retenu 2 : la forte composante féminine et le rapport au territoire.

Des femmes dans le marronnage

Fonctionnant en autarcie, le village de marrons est organisé en cases et en carbets abritant 72 individus se décomposant comme suit : 29 hommes, 22 femmes, 9 négrillons et 12 « négrittes » autrement dit,  des jeunes négresses. 
Si l’on en juge par  les révélations de Louis, la  situation est plutôt exceptionnelle puisque en 1748 la communauté compte 34 éléments féminins sur une population de 72 personnes. Cette forte représentation féminine est-elle le fruit d’un processus continu de désertions  ou celui de rafles ponctuelles dans les habitations ? Nous ne disposons d’aucun élément précis pour répondre à cette interrogation mais nous pouvons mettre en évidence les significations  de la présence de  cette forte composante féminine.  
Elle confirme que  l’aspiration à la liberté existait chez les femmes comme les hommes,  suffisamment puissante pour abandonner « un monde connu » et affronter un environnement faiblement anthropisé, certes synonyme de refuge mais néanmoins perçu comme inhospitalier. Le nombre important d’enfants dans le camp, 9 négrillons et 12 négrittes, nous confirme qu’elles  n’hésitent pas à marronner avec leurs enfants comme l’a fait Claire, la compagne de Copena.
La forte présence de l’élément féminin représente à n’en pas douter un facteur de pacification à l’intérieur du groupe,  les conflits générés par la pénurie de femmes n’ont pas lieu d’être.  Cette configuration renforce la sécurité du camp puisqu’il n’est pas nécessaire de prendre des risques avec des « opérations coup de poing » pour s’approvisionner en femmes dans les habitations limitrophes.
La répartition équilibrée entre les hommes et les femmes constitue un facteur de stabilisation renforçant la cohésion interne du groupe.  La vie s’organise en couple, comme Isabelle et Philippe, Colombine et Jean, Geneviève et André ainsi que Roze et François. Il convient de remarquer que les individus constitués en couple sont la propriété du même maître. Isabelle et Philippe étaient des esclaves du sieur Gourgues l’Aîné,  Geneviève et André ceux de  M. Le Roux tandis que Roze et François appartenaient au sieur Jean Mesnard. On peut donc avancer l’hypothèse qu’ils étaient déjà en couple sur l’habitation qu’ils ont fui ou qu’ils se sont formés dans le marronnage. Par ailleurs, la cohabitation de plusieurs générations de femmes, Jacqueline est la mère de Madelon, elle-même la mère de 5 filles (aucun  élément ne nous permet de savoir si ces fillettes sont nées sur l’habitation ou dans le camp) participe également au renforcement  de la cohésion du groupe.
La participation active des femmes à l’organisation économique de la communauté  s’inscrit comme  un facteur d’efficacité car dans un contexte somme toute  menaçant, l’utilisation rationnelle des ressources humaines, matérielles et techniques des marrons relève de la survie collective.  Les femmes  y  prennent toute  leur part,  dans les tâches qui leur sont traditionnellement dévolues, la cuisine, les travaux domestiques, les soins aux enfants,  elles assument la fonction de sages-femmes, elles filent le coton, et  travaillent dans les abattis. [10].

Cet équilibre des sexes dans la communauté de marrons  de la montagne Plomb ne pouvait que favoriser les conditions pour un projet de vie pérenne hors du carcan esclavagiste. Les marrons pouvaient ainsi envisager de soustraire leurs enfants aux rigueurs de l’esclavage. Nul doute que telle devait être l’aspiration de la négresse Roze dont Louis mentionne la grossesse dans sa déposition. Le rapport de forces et les conditions environnementales en ont  décidé autrement. Toutes ces femmes dont nous ignorons tout, à l’exception d’un prénom, puisque vouées à l’inexistence du fait de  leur condition d’esclave, méritent de rester dans notre mémoire collective pour leur courage et leur engagement aux côtés des hommes qui tentèrent le tout pour le tout afin de retrouver la liberté perdue. 

Un territoire allié des marrons

C’est un fait admis pour les historiens, le grand marronnage a surtout existé dans les territoires qui disposaient d’un hinterland c’est-à-dire d’un arrière-pays permettant  aux esclaves d’accéder à des zones refuges difficilement accessibles aux colons. C’est le cas des iles de  la Jamaïque et de Cuba et des territoires continentaux comme le  Brésil, le Surinam, le Guyana et bien entendu  la Guyane.
Partir en marronnage signifie quitter l’univers plantationnaire. Ce projet implique de fait l’abandon d’un  monde connu, hostile, à bien des égards,  mais dans lequel l’esclave néanmoins y a inscrit des repères. Ce projet induit  une prise de risques  mettant en jeu la  vie de celui-ci et  il constitue un pari par rapport à un territoire dont la connaissance est plus qu’approximative. La Guyane du XVIIIème siècle est une colonie faiblement anthropisée.  Se déplacer,  à l’époque,  s’apparente à une épreuve physique. Il y a peu de chemins mais des layons,  marcher est  non seulement pénible mais épuisant en raison de la boue et de la pénombre occasionnée par les  chutes d’arbres. A l’époque, les seuls à y évoluer avec aisance sont les Amérindiens. Son exploration est à peine entamée, seule une bande littorale d’environ 20 km,  est occupée  par des habitations disséminées, de l’estuaire  de l’Oyapock à l’estuaire du Kourou incluant la région Cayenne jusqu’à la Comté. Celle-ci correspond à un espace circonscrit, compte tenu de la superficie globale de la colonie.
L’établissement des marrons de la montagne Plomb révèle un  rapport à la fois aventureux mais néanmoins raisonné du territoire. Aventureux, parce que les esclaves ont su dépasser l’appréhension, somme toute naturelle, ressentie face à un environnement  inconnu et perçu par tous comme rebutant « Grand  bois est si semblable que […] ce n’est que la grande pratique qui [… permet] de se retrouver, ayant ny chemin, ny trace, ny marque pour indiquer des routes".[11] "En décidant  de mettre de la distance entre l’habitation et eux, les marrons ont fait le pari de retourner à leur avantage les inconvénients d’un environnement qui  leur est peu familier. L’impénétrabilité de la forêt constitue  à leurs yeux  un obstacle naturel leur garantissant un abri sûr contre les incursions des chasseurs de Noirs. Ils misent également sur la capacité de cette même forêt  à pouvoir les nourrir.
La déposition de Louis nous révèle qu’ils apprennent à apprivoiser ce nouveau milieu. Ils ne se contentent pas de fier à  la sécurité naturelle qu’offre cet espace, ils y  instaurent des règles de sécurité. Celles-ci concernent leur manière de se déplacer « ayant attention de marcher sur les arbres tombés ; ou lorsque le pied se trouve imprimé d’effacer en partant comme fait le gibier et de couvrir de feuilles.[12]" Ils acquièrent une certaine connaissance du milieu leur permettant, lors de leurs  déplacements,  de se faire reconnaître. Ils utilisent  des espèces végétales comme le « bois canon » avec lequel ils émettent des sifflets ou ils frappent le tronc de certains arbres  produisant un son particulier. Lorsqu’arrivent de nouvelles recrues, celles-ci sont conduites au camp après maints détours pour les empêcher de mémoriser le trajet. Autre précaution, suite au différend qui oppose les 2 chefs,  Augustin et André, « le quartier général », c’est l’expression de Louis, se scinde en deux. Deux campements pas trop éloignés l’un de l’autre sont donc établis mais seuls les chefs en connaissent le trajet exact.
            Cette adaptation au milieu passe également par des contacts avec les Amérindiens dont ils  adoptent des techniques, la nivrée pour  la pêche, le maniement de l’arc pour la chasse, la fabrication du sel extrait des cendres du palmier dénommé le maracoupy. Ils font leurs des pratiques alimentaires amérindiennes comme le mabi[13] ou le cachiri[14]. Ils leur doivent également de savoir  utiliser la voie fluviale pour se déplacer, Louis fait état à plusieurs reprises du dégra[15] de la crique Patawa. Notons au passage la relation paradoxale que les Amérindiens entretiennent avec les marrons puisque recrutés comme guides par les autorités coloniales, ils ont activement participé aux poursuites contre ces derniers.kart


            Tous ces éléments mettent en évidence leurs facultés d’adaptation pour maitriser les contraintes d’un milieu dont dépend  leur survie. Les marrons font preuve d’une réelle créativité pour élaborer  une  gestion de l’espace  prenant en compte la  grande proximité dans laquelle ils sont avec les habitations.  Il convient de se souvenir que c’est sur un périmètre d’environ 20 km de profondeur à partir de la mer qu’évoluent les colons, la population servile et les marrons.  Là encore, le témoignage de Louis s’avère  très précieux, il  nous apprend que du camp, ils entendent tonner  le canon à Cayenne, ce qui leur permet d’évaluer s’il s’agit d’une alarme. De même, le jour de la Fête-Dieu, ils sont à l’écoute  du son du canon pour  entamer  leur propre célébration de  la sortie du Saint-Sacrement : « ils se mettent à genoux et vont en procession de leurs cazes en récitant des cantiques, les femmes portant des croix[16]".  En 1749, lors de la médiation du père Fauque,  celui-ci  n’a guère de difficultés pour découvrir leur localisation. Il identifie leurs abattis[17] mais il ne trouve personne, puisque  ceux-ci s’étaient réfugiés dans une zone de repli prévue à cet effet.  Si l’objectif est de se mettre hors de portée des maitres et des autorités,  il n’est pas question de s’aventurer  imprudemment dans les profondeurs des « gran bwa »[18] . Les marrons  se mettent donc à l’abri, juste à la bonne distance pour ne pas trop s’éloigner du monde colonial. Leur survie en dépend  car le camp des marrons fonctionne en intéraction avec les habitations. Celles-ci  demeurent le lieu où l’on peut récupérer des outils et des instruments  nécessaires à la vie quotidienne (des haches, des serpes, des limes, des marteaux,  des platines à cassaves, des chaudières à roucou) mais également  des armes, Louis révèle qu’ils possèdent 10 fusils. Les esclaves restés sur l’habitation fournissent aux marrons des informations sur la situation générale de la colonie et surtout, ils constituent de potentielles recrues susceptibles de grossir leur rang. Ces contraintes leur imposent de prendre des risques calculés qui témoignent  de leur lucidité face à  la  précarité de leur situation mais tout autant  de leur détermination à perdurer.
Aux yeux des colons, cette proximité les rend d’autant plus dangereux que le rapport de forces est en faveur des esclaves, 1 à 5 ou 1 à 10 c’est selon. Pour les colons,  la persistance de ces poches de résistance recèle un véritable danger pour l’ordre et la sécurité d’autant qu’ils n’ignorent pas que  « les esclaves de la colonie sans savoir ou étoit l’établissement connoissoient tous les rendez-vous où les chefs venaient les prendre et ils pensaient que tous les Blancs n’étoient pas capables de surmonter les difficultés et de supporter les fatigues d’une route à travers bois sans guide et sans aucune commodité pour la vie [19]" Même résiduel, le marronnage ne disparaît jamais  tout à fait de la colonie. A la veille de la Révolution, en 1787, les autorités coloniales estiment pouvoir laisser tranquilles  les quelques survivants  qui, de leur point de vue, ne représentent plus aucun danger significatif (168 marrons sur 10 000 esclaves).
 Même en disposant de ces deux  atouts que sont  la  forte  composante féminine et un milieu naturel  presque complice,  les marrons du camp de la montagne Plomb ne parviennent pas à s’établir durablement, contrairement à ce qui se passe dans d’autres colonies. Si leur faiblesse numérique n’a pas permis la pérennisation de leur établissement,  il n’en demeure pas moins que  leur désir de liberté a contribué à faire reculer la  frontière intérieure de la Guyane.

                        Lydie HO-FONG-CHOY CHOUCOUTOU
                        Université Populaire de Guyane
                            Matiti,    23 mai 2009


                BIBLIOGRAPHIE


    ARTUR, Jacques François. Histoire des colonies françoises de la Guianne, Ibis Rouge éditions,     2002.

BRULEAUX, Anne-Marie, CALMONT, Régine, MAM-LAM-FOUCK, Serge. Deux siècles d’esclavage en Guyane française (1658-1848), L’Harmattan/CEGER, 1986.

    CARDOSO, Ciro Flammarion. La Guyane française (1715-1817), Aspects économiques et     sociaux, Contribution à l’étude des sociétés esclavagistes d’Amérique, Ibis Rouge, éditions    1999.
        
    DELANNON Roland. Les torches du gaoulé, 1973.

HENRY, Arthur. La Guyane, son histoire (1604-1946), Imprimerie Paul Laporte, 1950, réédition Guyane Presse éditions, 1989.

    POLDERMAN, Marie. La Guyane française (1676-1763), mise en place et évolution de la     société coloniale, tensions et métissages, Ibis Rouge éditions, 2004.    

 



[1] Damas, Léon Gontran "Il est des nuits", Pigments, Présence Africaine, 1972.

[2] Price Richard et Sally. Les marrons, Vents d'ailleurs, 2003.

  Jolivet Marie-Josée. La Question créole : essai de sociologie sur la Guyane française, ORSTOM, 1982.

[3] Pierre Eléonore de Ferrolles gouverneur de la Guyane à quatre reprises : 1679-1680 ; 1681-1684 ; 1687-1688 ; 1691-1705.

[4] Polderman Marie. La Guyane française 1673-1763, mise en place et évolution de la société coloniale, tensions et métissage. Ibis Rouge éditions 2004.

[5] Les marrons n'étaient pas cantonnés sur le site de la montagne Plomb, ils évoluaient dans un périmêtre plus large, celle-ci étant le poste le plus éloigné des habitations au fur et à mesure qu'ils sont contraints  de s'enfoncer dans la forêt.

[6] "ainsi nommée à cause du gravier noir dont les Nègres se servent pour la chasse"

[7] ZNIEFF de 11 401 ha.

[8] Parcelles de terre cultivées utilisant  la technique  de l'agriculture sur brûlis

[9] Il avait eu précédemment les oreilles coupées.

[10] Parcelles de terre cultivées utilisant  la technique  de l'agriculture sur brûlis

[11] Cité par Marie Polderman, Lettre des administrateurs au Ministre en 1752.

[12] Ibidem.

[13] Boisson fermentée à base de patate douce.

[14] Boisson fermentée à base de manioc.

[15] Mot créole désignant un  embarcadère.

[16] Extrait de la déposition de Louis.

[17] Parcelles de terre cultivées utilisant  la technique  de l'agriculture sur brûlis

[18] Grands bois

[19] Cité par  Ciro Flammarion Cardoso p. 409 


viré asou "Le Mois de la Mémwar"